Pembrolizumab dans le cancer colorectal de stade IV MSI-H – KEYNOTE-164 (NCT02460198)

Phase II Open-Label Study of Pembrolizumab in Treatment-Refractory, Microsatellite Instability–High/Mismatch Repair–Deficient Metastatic Colorectal Cancer: KEYNOTE-164

Le DT, Kim TW, Van Cutsem E, Geva R, Jäger D, Hara H, Burge M, O’Neil B, Kavan P, Yoshino T, Guimbaud R, Taniguchi H, Elez E, Al-Batran SE, Boland PM, Crocenzi T, Atreya CE, Cui Y, Dai T, Marinello P, Diaz LA Jr, André T.

J Clin Oncol. 2020 Jan 1;38(1):11-19

RESUME

Le cancer colorectal (CCR) est la 3e cause de mortalité par cancer dans le monde. Il est responsable de plus de 16 000 décès par an en France. 5% des CCR métastatiques présentent un phénotype tumoral MSI (instabilité microsatellitaire) en rapport avec une déficience du système de réparation des mésappariement de l’ADN (dMMR). Il a été récemment  montré que les nouveaux médicaments d’immunothérapie (inhibiteurs de points de contrôle immunitaire, ou immune checkpoints inhibitors) sont particulièrement efficaces chez les patients dont le cancer présente le phénotype MSI/dMMR. Ainsi le pembrolizumab (anticorps anti-PD1) a été approuvé par les autorités américaines (FDA : Food and Drug Administration) pour le traitement des patients avec un CCR métastatique MSI/dMMR résistant aux traitements conventionnels, sur la base de données préliminaires de l’étude KEYNOTE-164.

Dans cette publication sont présentés les résultats complets de l’étude KEYNOTE-164. Il s’agit d’une étude de phase 2 ayant inclus des patients avec un CCR métastatique MSI/dMMR préalablement traités par au minimum deux lignes (cohorte A) ou une ligne de de traitements standards (cohorte B). Les patients recevaient du pembrolizumab 200 mg en intraveineuse toutes les 3 semaines jusqu’à progression ou toxicité inacceptable, pour un total maximal de 2 ans.

124 patients ont été inclus. Respectivement 44% et 30% des patients des cohortes A (N=61) et B (N=63) avaient reçus plus de 3 lignes de traitements antérieurement, et plus de la moitié des patients de chaque cohorte avaient un indice de performance altéré. Avec un suivi médian de 31 mois (cohorte A) et 24 mois (cohorte B), le taux de réponse objective (définie par une réduction du plus de 30% de la masse tumorale) était de 33% dans chacune des 2 cohortes. La durée médiane de réponse n’était pas atteinte (temps depuis la 1e documentation de la réponse jusqu’à progression tumorale ou décès). La médiane de survie globale était de 31 mois dans la cohorte A et n’était pas atteinte dans la cohorte B. Le traitement avait dû être arrêté chez 2 patients de chaque cohorte en raison d’effets secondaires (cytolyse hépatique, pneumopathie). Respectivement 16% et 13% des patients des cohortes A et B ont eu des effets secondaires liés au traitement, notamment des dysthyroïdies et des colites.

Les données actualisées de l’étude KEYNOTE-164 confirme que l’immunothérapie est une stratégie thérapeutique efficace, avec un bénéfice clinique durable, chez les patients avec un CCR métastatique MSI/dMMR.

 

Par le Dr Romain COHEN