Publication : de nouveaux résultats permettent d’orienter la prise en charge des patients atteints de tumeur cérébrale

Dans un article prochainement publié, le Dr Salah Eddine O. Kacimi et le Dr Mehdi Touat, chercheurs à l’Institut du Cerveau à la Pitié-Salpêtrière à Paris (APHP, Sorbonne Université), démontrent que la combinaison de chimiothérapie PCV est plus efficace que le Témozolomide lorsqu’elle est utilisée en première ligne avec la radiothérapie (RT) chez les patients atteints d’oligodendrogliome, une forme rare de tumeur cérébrale. Ces résultats, présentés lors du congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) 2024 à Chicago1, participent ainsi à identifier les traitements les plus efficaces pour ces patients.

Les oligodendrogliomes sont des tumeurs rares du système nerveux central se développant à partir des cellules gliales, lesquelles soutiennent les neurones. En France, environ 300 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, dont un tiers sont des tumeurs de haut grade, particulièrement agressives. Ces tumeurs présentent des mutations de l’enzyme isocitrate déshydrogénase une co-délétion des chromosomes 1p et 19q, ce qui les rend particulièrement sensibles à certains traitements combinant radiothérapie et la chimiothérapie par agents alkylants.

Après la chirurgie, le traitement standard des patients atteints d’oligodendrogliome de haut grade inclut la radiothérapie associée à des chimiothérapies comme le Témozolomide (TMZ) ou une combinaison de Procarbazine, CCNU et Vincristine (protocole PCV). Toutefois, en raison des effets secondaires plus importants avec le protocole PCV, le TMZ est parfois préféré. La communauté médicale est divisée sur l’efficacité relative de ces traitements et sur le choix de la chimiothérapie optimale. La réponse définitive à cette question devra attendre les résultats de l’essai clinique CODEL qui ne seront disponibles que d’ici une dizaine d’années.

Afin d’apporter des premiers éléments de réponse, les chercheurs ont utilisé les données de la cohorte nationale prospective du réseau POLA (Prise en charge des OLigodendrogliomes Analaplasiques)2, financée par l’Institut National du Cancer (INCa), qui vise à homogénéiser la prise en charge des oligodendrogliomes de haut grade en France et à promouvoir la recherche. Les auteurs se sont ainsi basés sur les données cliniques des patients adultes inclus dans cette cohorte et diagnostiqués avec un oligodendrogliome de haut grade entre 2008 et 2022. Seuls les patients recevant les traitements par RT/PCV ou RT/TMZ en 1ère ligne après la chirurgie ont été pris en compte dans l’analyse.

L’analyse de 305 patients montre que la combinaison RT/PCV est nettement supérieure à RT/TMZ en termes de survie globale et de survie sans progression à 5 et 10 ans après la chirurgie. En attendant les résultats de l’étude CODEL, ces travaux fournissent des indications précieuses pour le choix de la chimiothérapie chez les patients atteints d’oligodendrogliome et pourraient influencer les pratiques cliniques, en particulier dans les centres où l’association RT/TMZ est courante. Cette étude souligne également l’importance des registres prospectifs pour améliorer la prise en charge des cancers rares.

 

1.https://ascopubs.org/doi/10.1200/JCO.2024.42.16_suppl.2004

2.Site internet du réseau POLA : https://www.reseau-pola.org/