Le Genre de l’oncoprophylaxie
Cette enquête pluridisciplinaire a pour objectif de mettre en évidence les dynamiques différenciées selon le sexe des patient·es, et particulièrement dans la prise en charge de personnes porteuses d’une mutation et pour qui une chirurgie préventive – dite prophylactique – peut être conseillée. Elle montre comment ces dynamiques de genre s’imbriquent avec d’autres rapports sociaux (de classe, de race) et interagissent avec certaines des caractéristiques sociales de ces personnes (âge, état de santé, corpulence, sexualité, lieu d’habitation). Destinées à prévenir des formes de cancer chez les personnes porteuses de mutations génétiques, ces opérations sont notamment préconisées dans le cadre des mutations des gènes BRCA 1 et 2 prédisposant spécifiquement à des cancers dits féminins – touchant des organes reproducteurs (les ovaires ou l’utérus) ou des parties du corps sur lesquelles s’appuient la différenciation des classes de sexe (telles que les seins) – et pas dans le cadre de cancers dits masculins (la prostate).
Amorcée en 2024, cette recherche s’appuie sur une enquête sociologique débutée dans un service d’oncogénétique. Bénéficiant d’un cadrage quantitatif – c’est-à-dire l’analyse de 1200 dossiers patient·es – elle repose également sur des méthodes qualitatives comme des entretiens semi-dirigés menés avec les patient·es pris·es en charge au sein du service. Il s’agit d’interroger des personnes suivies pour l’une de ces prédispositions génétiques associée à des cancers sexués (Meidani, 2021) telles que la mutation BRCA2, prédisposant aux cancers du sein, des ovaires et de la prostate. Afin de mieux saisir les dynamiques sociales et genrées, l’enquête se prolonge auprès de personnes porteuses de la mutation CDH1 (prédisposant au cancer de l’estomac et du sein) et du syndrome de Lynch (prédisposant au cancer du côlon mais aussi celui de l’endomètre pour les femmes). Nous ne nous limitons pas à des mutations prédisposant à des cancers communément caractérisés comme féminins (sein et ovaire) ou masculins (prostate). De même, nous interrogeons aussi bien des personnes qui ont connu des épisodes de cancer que celles qui n’en ont pas développé.
Dans le cadre de ce projet, nous avons par ailleurs organisé une journée d’études intitulée « Corps opérés, corps (in)opérables à l’ère de l’oncogénétique », le 27 mars 2025 à la Faculté de Santé de Sorbonne Université, avec le soutien du Siric Curamus, de l’Initiative Humanités biomédicales ainsi que de Sorbonne Université. Cette journée a réuni des chercheur·ses de disciplines variées (médecins, généticien·nes, oncologues, politistes, sociologues, juristes…) et différent·es acteur·rices du champ de la santé (professionnel·les de santé, associations et représentant·es de patient·es).
Présentation de l’équipe :
Équipe de sociologues :
Juliette FROGER-LEFEBVRE | Post-doctorante (sociologie) | GEMASS (UMR8598) – Sorbonne Université – SIRIC CURAMUS |
Anne-Lise DALL’AGNOLA | Post-doctorante (sociologie) | GEMASS (UMR8598) – Sorbonne Université – SIRIC CURAMUS |
Marie MATHIEU | Post-doctorante (sociologie) | Cermes3 (UMR CNRS 8211 – Unité Inserm 988) – SIRIC INSITU |
Équipe d’oncogénétique :
Patrick BENUSIGLIO | MCU et PH, oncogénéticien | Sorbonne Université, UF d’Oncogénétique clinique, Hôpital Pitié-Salpêtrière, APHP.
Centre de Recherche Saint-Antoine (UMR 938), Équipe Instabilité des Microsatellites et Cancer, Paris et SIRIC CURAMUS, |
Antoine DARDENNE | PHC, oncologue | Service de Chirurgie Digestive, Hôpital Saint-Antoine, APHP. |
Léana PERDRIAU | Conseillère en génétique | Hôpital Saint-Antoine, APHP |